Colombier - village

 

Comm. NE, distr. de Boudry. Village sur une petite colline molassique proche du lac de Neuchâtel. 1228 Colombier. 418 hab. en 1750, 896 en 1850, 2051 en 1900, 2071 en 1950, 4095 en 1970, 4897 en 2000.
Quatre stations lacustres, datant du Néolithique et de l'âge du Bronze, sont attestées. Sous l'actuel château, on a mis au jour une villa gallo-romaine (fouillée en 1840-1842, par Frédéric DuBois de Montperreux, et en 1982), l'une des plus grandes de Suisse, qui connut plusieurs phases de construction du Ier au IIIe s. Modeste à l'origine, elle devint ensuite un véritable palais, avec un péristyle, deux établissements de bains au moins (mosaïques et fresques) et des jardins en terrasses. On a aussi découvert près de la localité un cimetière mérovingien.
La seigneurie de C. s'étendait au Moyen Age sur les villages de C., d'Areuse et sur une partie de Bôle, avec des droits à Fretereules, au Val-de-Ruz et un tiers de l'avouerie de Bevaix. Par mariage, la famille de C., vassale des comtes de Neuchâtel, acquit encore les fiefs de Savagnier, de Cormondrèche et celui dit du "pressoir" de C. dans la châtellenie de Thielle. Dès 1488, la seigneurie passa par mariage à la famille franc-comtoise de Chauvirey, et, en 1513, au Bernois Jean Jacques de Watteville qui obtint la haute justice et arrondit encore son domaine, en particulier à Bevaix. En 1564, le tout fut cédé au comte de Neuchâtel pour 60 000 écus. C. fut alors le siège d'une mairie jusqu'en 1832, date à laquelle la justice civile, citée dès le XIVe s., fut réunie au ressort de la Côte et la criminelle à celui de Neuchâtel.
Les limites du territoire du village de C. sont connues dès 1346. En 1357, il reçut en accensement, avec Bôle et Areuse, des forêts que ces trois communautés gérèrent en commun jusqu'au XVIIIe s. C. était peuplé de taillables qui furent affranchis peu à peu au XVIe-XVIIe s. Cependant, les dernières taxes serviles ne furent supprimées qu'au début du XIXe s. Au milieu du XVIIe s., à la suite de la caution accordée au trésorier général Abraham Mouchet et à son fils, C. se trouva au bord de la faillite. Henri II d'Orléans-Longueville, prince de Neuchâtel, libéra la commune de sa dette contre l'aménagement d'allées d'arbres, du lac au château (1657), "allées" qui existent toujours.
C. possédait une chapelle en 1177 et devint paroisse avant 1228. Celle-ci comprenait aussi Areuse (jusqu'en 1832), Auvernier (jusqu'en 1879) et Montézillon (au Moyen Age). La collation de l'église Saint-Etienne appartenait au chapitre de Lausanne. La Réforme fut introduite par Jean Jacques de Watteville. La messe fut à nouveau célébrée en 1871 à l'occasion de l'internement des Bourbaki et une paroisse catholique se constitua en 1884.
En 1734, Jean-Jacques Deluze installa au Bied l'une des premières fabriques d'indiennes de la Basse Areuse (80 ouvriers en 1739). Cette industrie amena une certaine richesse et permit la construction de maisons de maître aux environs du village (le Bied, Vaudijon, la Mairesse, Cottendart, Sombacour). Le château, à l'origine un donjon (XIe-XIIe s.), agrandi au XIIIe s., prit sa forme actuelle au XVIe s. En 1806, on y installa un hôpital militaire, prévu dès 1796. Depuis 1824, il servit aux exercices des milices cantonales. Il fut transformé en caserne et un arsenal fut construit. En 1877, il reçut le statut de place d'armes fédérale de la 2e division, plus tard division de campagne 2, dissoute en 2003 avec l'introduction d'Armée XXI. Depuis 2004, la caserne abrite l'un des deux sites de formation de l'infanterie. Au XIXe s., C. joua le rôle de centre régional, avec une usine à gaz, une caisse d'épargne, etc. Gare de chemin de fer (1859-1860), ligne de tramways Neuchâtel-Boudry (1892), aérodrome (1927). Un centre scolaire secondaire accueille les élèves de C., Cortaillod, Boudry, Bôle, Rochefort et Auvernier (1969). C. est aujourd'hui une localité résidentielle, sans industrie importante, hormis la place d'armes.
Extrait du dictionnaire historique, Attinger.